
La situation synoptique est quasiment complètement bloquée avec ce talweg atlantique d’air froid d’altitude contrarié dans son avancée vers l’est par une montagne de hauts géopotentiels qui s’érige sur l’Europe centrale et de l’est. La situation synoptique n’évoluera qu’assez peu d’ici la fin de de semaine même s’il est probable que la goutte froide finisse par s’avancer en direction de la méditerranée et de l’Italie.

Si bien que le front froid pluvieux, est complètement stationnaire du Golfe du Lion au nord-est en s’avançant que très très peu. On remarquera l’aspect granuleux de l’écharpe nuageuse du front froid révélant la présence de sable saharien en altitude. Des averses parfois orageuses dans l’air froid d’altitude, s’imposent par l’ouest mais sans sévérité particulière.


Depuis minuit, l’on voit que le front froid s’avance très péniblement vers l’est mais est gorgé d’eau. Le caractère orageux répandu hier à l’avant du front froid, s’est éteint avec la nuit arrivant hormis quelques impacts ici ou là en cours de nuit.

Les lames d’eau deviennent impressionnantes sous ce front froid stationnaire tout en prenant compte des pluies cévenoles précédant le front froid. On a les cumuls suivants depuis 48 h :

Source : Meteociel

La région lyonnaise est également très concernée par ces pluies avec parfois déjà largement plus de 50 mm depuis minuit.

Source : ROMMA
On relève même en cette mi-journée 114,8 mm de pluie à Communay (69). Les records de pluviométrie d’avril seront certainement battus d’ici ce soir.
Quelques explications techniques complémentaires :
Pourquoi autant de pluie ?
En plus d’une situation synoptique bloquée, nous avons une convergence des vents en basses couches même si elle est pas obligatoirement bien dessinée. Ces vents variables très faibles autorisent la mise en place de ce qu’on appelle « une plage froide » favorable aux fortes pluies :

Des noyaux de divergence circulent également en altitude favorisant la convection. De même de bonnes vitesses verticales signifiant le potentiel de convection bien que non orageuse.


Pour résumer, il est donc probable qu’une plage froide se soit formée en basses couches avec un vent très faible variable à caractère convergent. Surplombé par un flux de sud en altitude avec le talweg bloqué qui rend stationnaire le front froid, + noyaux de divergences et des vitesses verticales. Nous pensons que pour le coup c’est pas à mettre sur la responsabilité d’un contenu en eau précipitable + important, c’est purement synoptique et de méso échelle. Même s’il faudra faire une étude d’attribution plus tard pour écarter toute influence du réchauffement climatique dans cet épisode.

On note un contenu en eau précipitable conséquent mais non exceptionnel.

De plus actuellement, la méditerranée occidentale n’est pas chaude avec pas d’anomalie positive ce qui fournit par un surplus en eau précipitable ni beaucoup d’instabilité.
On notera que c’est le 7ème épisode méditerranéen et/ou cévenol qui nous concerne depuis février ce qui est remarquable alors que ces épisodes se produisent plutôt normalement entre l’automne et le début d’hiver.


La récurrence des flux dépressionnaires de sud-ouest en altitude et des flux de sud à sud-est en surface, explique la fréquence de ces phénomènes.
PREVISIONS :

D’ici mardi la mi-journée, le front froid sera contraint toujours de stationner sur les mêmes secteurs ne pouvant pas s’avancer vers l’est. On peut craindre des cumuls supplémentaire de 100 à 150 mm sur les Cévennes pouvant donner des cumuls totaux de plus de 300 mm. En remontant sur le sud du Lyonnais, des cumuls supplémentaires de 90-100 mm paraissent également possibles.
On peut craindre d’ici mardi des ruissellements, des crues de cours d’eau et des inondations.
On surveillera un possible caractère orageux lundi après-midi sous forme de cellules pré-frontales entre PACA et Rhône-Alpes à l’avant du front froid. Le risque orageux restera assez faible au sein du corps pluvieux du front froid.

Entre mardi et jeudi, les centres d’action resteront plus ou moins figées avec une bascule du flux au sud-est très humide ramenant des pluies abondantes sur de nombreuses régions et notamment du sud-est au centre-est. Le Roussillon et le Languedoc connaitront de bonnes pluies ce qui est une bonne nouvelle pour le Roussillon. Un épisode pluvieux à craindre vers les Cévennes et remontant sur le lyonnais entre mardi et jeudi avec un paroxysme entre mercredi et jeudi. Des orages sont probables sur le nord-est entre mardi et jeudi à l’interface entre l’air chaud remontant sur l’Europe centrale et l’air froid de la goutte froide glissant vers le sud-est. La chronologie et les cumuls restent à affiner.
Des débordements et des inondations sont à craindre.

L’instabilité bien qu’encore présente, pourrait commencer à régresser à partir de vendredi prochain. Le week-end prochain pourrait être moins instable avec des températures de saison. La semaine du 6 mai voit émerger une tendance plus anticyclonique mais qui reste fragile car on n’est pas à l’abri qu’une goutte froide puisse s’immiscer. En mai, il faut toujours être méfiant avec les tendances à moyen terme car c’est un mois propice pour que l’air froid d’altitude s’infiltre aux latitudes moyennes. Donc la prévisibilité à moyen terme reste limitée.
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