Les gelées destructrices printanières : une fatalité ?

– Carte 1 : De 2019 à 2024, l’augmentation des températures durant le mois de février est « effrayante » sur l’Europe par rapport à la période de référence 1979-2000. Si nous prenons une période de référence encore plus éloignée, la différence est absolument colossale. Le mois de février est un des mois qui s’est le plus réchauffé avec un cap de franchi depuis 2019. La conséquence directe de la sortie de route des mois de février qui sont davantage printaniers qu’hivernaux, c’est un développement précoce de la végétation mais aussi l’avancée des cultures qui peuvent prendre 3 à 4 semaines d’avance. Ces cultures sont ainsi très exposées ensuite aux gelées.

– Carte 2 : De 2019 à 2023 (mais on pourra ajouter certainement 2024 à la liste), les mois d’avril se sont beaucoup moins réchauffés que les mois de février avec même un léger refroidissement vers l’Europe du sud-est ce qui traduit une récurrence des descentes froides. La France en avril s’est réchauffée mais beaucoup moins qu’en février. La période de référence prise est toujours 1979-2000.

A noter que mars s’est aussi réchauffé, davantage qu’avril mais moins que février.

– Carte 3 : Réanalyse des anomalies de géopotentiels à 500 hPa pour les mois de février depuis 2019. La conclusion est simple, prédominance écrasante des anticyclones subtropicaux attestant de la mise en place de douceurs hors normes sur l’Europe. Cela n’exclut pas des périodes pluvieuses comme on a eu ce mois de février 2024, mais le tout dans une douceur écrasante là aussi.

– Carte 4 : Réanalyse des anomalies de géopotentiels à 500 hPa pour les mois d’avril depuis 2019. Implantation des hauts géopotentiels à des plus hautes latitudes pouvant décrocher plus facilement des masses d’air froid qui s’écoulent aux latitudes moyennes de l’Europe. D’où la fréquence des gelées quand le flux est continental notamment et en l’absence de vent et de couverture nuageuse. La différence avec février est absolument nette avec des synoptiques bien plus propices aux descentes froides.

Pour Mars, la différence est moins nette. Mars constitue un juste milieu entre février et avril avec un risque moins net de gelées destructrices.

Plusieurs analyses pourraient être jointes à celle ci notamment le comportement du vortex polaire. Le vortex polaire est souvent bien concentré en hiver et notamment en février, favorisant une ceinture subtropicale haute en latitude tandis que le froid ne peut stationner que près du pôle. Alors qu’en avril, le vortex polaire arrive en fin de vie à cause des rayons du soleil et de l’équinoxe de printemps passé qui l’annihilent. Son affaiblissement et on le voit en ce moment, contribue à faire descendre des masses d’air froid aux latitudes moyennes tandis que les masses d’air chaud gagnent les hautes latitudes. Les échanges méridiens se multiplient ainsi.

Avril 2024 ne dérogera pas malheureusement pas à cette dure réalité des gelées destructrices. Sans un réchauffement absolument effarant des hivers et notamment de février, il est évident que nous ne vivrions pas ces difficultés récurrentes durant les printemps et notamment avril qui est vraiment le mois ciblé pour ces gelées. Rien ne laisse présager un changement dans les années à venir et l’agriculture/la viticulture devra malheureusement engager des moyens pour lutter contre cela.


Commentaires

Une réponse à « Les gelées destructrices printanières : une fatalité ? »

  1. Avatar de mandement
    mandement

    analyse parfaite. Depuis 1989, je parlai avec mes collègues de tropicalisation du climat avec des flux qui devenaient de plus en plus méridiens. on y est . votre démonstration sur le réchauffement de fevrier est des plus parlantes.

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