Un été « normal » et « tempéré » en France, quelles perspectives pour la suite ?

L’été météorologique ayant débuté le 1er juin et étant quasiment à mi parcours pour cet été, on peut déjà faire un 1er bilan.

Sur le plan synoptique :

Hauts géopotentiels persistants sur la mer de Sibérie Orientale et l’ouest de l’Atlantique favorisant clairement un flux océanique prédominant sur l’Europe de l’ouest. Les hauts géopotentiels se retranchant sur le sud-est de l’Europe et l’ouest de la Russie.

Conséquence de la synoptique décrite précédemment, le courant jet circule assez bas en latitude du Canada à l’Europe favorisant des dégradations à intervalles réguliers.

A l’échelle Européenne, nous avons une vraie scission entre l’Europe de l’ouest soumis à un été « standard » avec des dégradations fréquentes, assez souvent orageuses sur la zone de conflit entre deux masses d’air antagonistes. Le sud/sud-est de l’Europe est en prise à une très forte chaleur durable s’étendant sur la Russie. Le flux est à dominante ouest/sud-ouest, tournant parfois au nord-ouest ou au sud à l’avant des dégradations.

Sur le plan thermique :

Juin a été déjà très chaud sur le nord-est du Canada en liaison avec une cellule anticyclonique bien installée, de même de l’Afrique du nord à l’Asie en général ainsi qu’à la Sibérie, avec des vagues de chaleur longue durée. Le Mexique et l’Alaska connaissent des valeurs élevées de températures.

Juillet continue plus ou moins sur la lancée de juin hormis que l’ouest du continent américain connait maintenant une vague de chaleur intense.

A l’échelle européenne, le contraste thermique est important depuis début juin entre ouest de l’Europe et est/sud-est de l’Europe. Il a même tendance à se renforcer depuis début juillet ce qui favorise sur la zone de contact des dégradations orageuses parfois violentes.

A l’échelle française, nous connaissons un été tout à fait dans les normales avec une très légère anomalie négative thermique de 0,2°C.

Sur le plan pluviométrique :

A l’échelle hémisphérique depuis le 1er juin, beaucoup de précipitations sur la Floride, le Golfe du Mexique, une partie des Antilles avec le passage de l’ouragan Beryl dernièrement, sur une bonne partie de l’Europe notamment de l’ouest et centrale ainsi que le centre de la Chine et une petite partie de l’Inde avec la mise en place de la mousson. Trace aussi de la mousson sud-ouest américaine qui finalement se met quelque peu en place.

A l’échelle Européenne, c’est très net avec des excédents pluviométriques depuis début juin de l’Espagne au nord-est/centre-est de la France. Excédent aussi de l’Allemagne à l’ouest de la Roumanie. Les orages parfois violents ayant été fréquents et on se rappelle des crues notamment du Danube courant juin.

En France, excédent pluviométrique de 20% sur juin. Orages nombreux de nouveau sur juillet notamment de l’est au centre-est donnant par endroit des excédents.

Quelles sont les raisons de cet été « normal » en France et avec cette scission entre Europe de l’ouest et Europe de l’est/sud-est?

Source : World Climate Service

On soupçonne l’influence de l’oscillation décennale Pacifique (PDO) profondément négative.

Source : NOAA

L’influence de la PDO- se combinerait à une AAM négative (alliée à une faible MJO souvent inopérante), favorisant un été médiocre sur le nord-ouest de l’Europe et un été très chaud sur le sud-est de l’Europe. La France se situant au carrefour des centres d’action avec un été assez médiocre sur le quart nord-ouest, meilleur du sud-ouest au nord-est/centre-est mais souvent en prise à des dégradations orageuses, et graduellement de plus en plus chaud et sec sur le sud-est de la France.

Source : meteo60

On note que l’activité orageuse en France se renforce depuis mi-juin avec des dégradations régulières et parfois violentes donnant notamment des supercellules fréquentes avec chutes de grêle de plus de 5 cm de diamètre, de violentes rafales de vent localisées et de fortes pluies diluviennes.

Quand on prend les modélisations à grande échelle jusqu’à toute fin juillet et pour le mois d’août, finalement assez peu de changements à attendre. Des hauts géopotentiels importants entre mer de Sibérie Orientale et mer de Laptev, un centre de gravité de hauts géopotentiels davantage sur le proche Atlantique et les Açores, persistance de hauts géopotentiels de l’ouest des USA au nord-est du Canada.

Sur l’Atlantique et l’Europe, cette configuration persistante tend à favoriser la circulation du courant jet à la latitude des Iles Britanniques et parfois du nord de la France. Donc l’influence océanique pourrait perdurer au final tout l’été sur la moitié nord du pays et plus sérieusement un quart nord-ouest.

Focus sur la France pour le restant de l’été :

Après un week-end du 14 juillet un peu mitigé et un peu frais notamment le samedi, la semaine du 15 juillet sera sous influence d’un flux d’ouest à sud-ouest plus chaud. Un talweg circulera lundi donnant lieu à une dégradation orageuse parfois musclée du sud-ouest eu nord-est. Dès mardi, retour de conditions beaucoup plus anticycloniques et de plus en plus chaudes notamment sur la moitié sud. Une nouvelle dégradation orageuse pourrait s’opérer le week-end du 20-21 juillet mais les modèles sont assez divergents là dessus.

La semaine du 22 juillet pourrait voir un dégradé nord-sud se mettre en place avec une relative fraîcheur au nord et le maintien de conditions souvent ensoleillées et chaudes sans excès au sud. Le passage d’une perturbation ou d’orages au nord n’est pas à exclure courant de cette semaine. L’influence océanique resterait en tout cas prédominante sous l’effet d’une MJO phase 5 et d’une AAM redevenant légèrement positive, favorisant l’extension d’une dorsale anticyclonique en direction des Iles Britanniques. L’AAM positive restant très faible, cela favoriserait ensuite l’écrasement de cette dorsale sur le pays, permettant vers la toute fin de mois des conditions estivales sans excès de températures avec une chaleur de saison, toujours plus nuageux dans le nord-ouest.

Au final, la deuxième quinzaine de juillet sera sous les auspices d’alternances sur la moitié nord avec parfois des conditions médiocres. Des dégradations orageuses possibles du sud-ouest au nord-est notamment le week-end du 20-21 juillet, pas exclues non plus la semaine suivante suivant l’orientation d’un probable talweg nordique traversant la moitié nord. Plus chaud et sec en allant vers le sud-est avec parfois des températures très élevées surtout par effet de foehn. Le risque de vague de chaleur et de canicule s’annonce bien faible, le début des JO ne se fera pas a priori sous de fortes chaleurs.

Clairement par rapport aux modélisations saisonnières du printemps, on baisse d’un ton au niveau de la chaleur sur le pays avec un risque maintenant plus faible de vague de chaleur d’importance et de canicule. Cependant, les conditions seraient estivales sur une bonne partie du pays, très fortes chaleurs probables sur le sud-est par séquences, orages assez fréquents du sud-ouest au nord-est et temps plus mitigé dans le nord-ouest mais possiblement meilleur qu’en juillet. Un mois légèrement plus ensoleillé que juillet, légèrement plus chaud mais avec des alternances. C’est ce qui semble vouloir prévaloir.

Maintenant beaucoup d’inconnus pour ce mois d’août pour vraiment finaliser une tendance fiable. Ces inconnues sont :

  • Quelle réaction de l’atmosphère à la mise en place de la Nina effective certainement courant août alliée à une PDO- forte?
  • Quelle évolution pour l’AAM et la MJO ? Si évolution semblable à juin-juillet, possible que nous gardons le schéma préférentiel de l’été entre Europe de l’ouest avec été normal et Europe du sud-est et de l’est très chaud.
  • Quelles activités des moussons ? L’activité de la mousson sud-ouest américaine pourrait être un peu plus forte que prévu. L’activité de la mousson africaine pourrait rester faible. L’activité de la mousson indienne pourrait être assez forte. Ces moussons influencent la cellule anticyclonique subtropicale et sa latitude.
  • Quelle activité cyclonique sur les différents bassins notamment l’Atlantique? A priori faible sur l’Atlantique jusqu’à la dernière décade d’août.

A ce jour, la probabilité la plus forte pour le mois d’août va vers un mois légèrement plus ensoleillé que juillet, légèrement plus chaud mais avec des alternances et des dégradations orageuses, mais plus rares que sur juin et juillet.


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