- A l’échelle de l’hémisphère nord :
Bilan atmosphérique au niveau des géopotentiels :



A l’échelle de l’hémisphère nord sur le mois entier de janvier 2024, on a le marqueur de l’empreinte atmosphérique El Nino sur le continent américain avec dipole bas géopotentiels en allant vers le sud-ouest des USA et hauts géopotentiels en allant vers le Canada. Europe plutôt sous flux océanique et influence sur la fin de mois des hauts géopotentiels subtropicaux. Bas géopotentiels récurrents entre Scandinavie et Russie.



La deuxième décade de janvier aura vu deux descentes froides simultanées sur continent nord américain et continent européen débordant sur Russie. L’on voit bien le marqueur de l’AO- et la NAO- sur Groenland favorisant ces descentes froides. Tout cela découlant du double forçage EAMT+/MJO hémisphère occidental fin décembre + réchauffement stratosphérique véhiculant NAM- vers mi-janvier.
Au final, le bilan atmosphérique montre qu’un phénomène de descentes froides aux latitudes moyennes durant le mois, ne prend pas le pas sur un schéma doux aux latitudes moyennes sur la réanalyse complète.
Bilan des indices :
. L’EAMT (couple de montagne) et l’AAM (Atmospheric Angular Momentum)


Le couple de montagne via la GWO influence directement en hiver la dynamique atmosphérique à l’échelle de l’hémisphère. Une EAMT+ faisant augmenter l’AAM dans un mode positif, précède un schéma zonal sur l’hémisphère avec un courant jet en forme notamment près de la côte ouest américaine, l’influence est un peu moins nette sur l’Europe avec cependant une probabilité à favoriser l’anticyclone subtropical en mode NAO+. Un fort mode positif AAM+ comme il y a eu fin décembre et comme il y a actuellement, s’il est accompagné par une MJO se déplaçant vers l’hémisphère occidental, favorise ensuite des blocages à haute latitude. On l’a vu mi-janvier et on risque de le voir d’ici maximum 10 jours. L’EAMT couplé à l’AAM est un indice très pertinent notamment en hiver.
. L’oscillation nord pacifique (PNA)

L’oscillation nord pacifique (PNA) aura un coup de mou mi-janvier passant en négatif reflétant bien l’invasion froide sur les USA provenant du Canada.
. L’oscillation nord atlantique (NAO)

L’oscillation nord atlantique nous influence directement plus encore d’octobre à avril. En mode réchauffement climatique, une NAO- en hiver a + le potentiel de nous ramener humidité et froid sans excès que la NAO+ qui devient dans le nouveau paradigme climatique souvent propice à l’anticyclone subtropical sur l’Europe.
. L’oscillation arctique (AO)

L’oscillation arctique nous influence un peu moins directement mais début janvier, nous avions tout de même les prémices d’un changement de temps pour la deuxième décade de janvier à l’échelle hémisphère avec des hautes pressions et hauts géopotentiels qui s’installaient.
. L’oscillation de Madden Julian (MJO)


La MJO aura été active une bonne partie du mois de janvier avec un transfert progressif de l’hémisphère occidental à l’hémisphère oriental, puis revenant toute fin de mois sur l’hémisphère occidental. Alliée à des phases actives d’EAMT (AAM), cela renforce la prévisibilité à l’échelle hémisphérique. La MJO sur l’hémisphère occidental fin décembre, a bien favorisé par la suite des blocages de haute latitude entre la première décade de janvier et la fin de la deuxième décade. Une MJO inopérante quelques jours courant de mois puis ensuite en phases 3-4-5, a bien favorisé le retour d’un courant zonal à l’échelle de l’hémisphère corrélée à une EAMT+. On peut penser qu’une MJO dans l’hémisphère occidental toute fin de mois corrélée à une EAMT+, vont favoriser des blocages à haute latitude courant février.
. Le phénomène ENSO (El Nino – La Nina)


El Nino qui se traduit par des anomalies de températures fortement positives sur le Pacifique Equatorial, a commencé à s’essouffler petit à petit durant le mois de janvier avec un refroidissement net des eaux près des côtes péruviennes, prémice d’une transition vers une phase neutre durant le printemps à venir. En terme atmosphérique, nul doute que cet El Nino fort mais un ton en dessous en terme d’activité que celui de 1997-1998 et 2015-2016, aura eu un effet en favorisant notamment l’extension du courant jet pacifique par séquence près du continent américain avec un jet subtropical assez fort. Influence beaucoup beaucoup moins nette sur l’Europe par contre ce qui est normal. Il a toujours été clair qu’ENSO a une influence très limitée en Europe. Du moins c’est une influence indirecte surtout si ENSO+ est couplée avec une EAMT+ (extension du courant jet pacifique) et une MJO se transférant dans l’hémisphère occidental.

El Nino, donnera son dernier baroud d’honneur courant février avec une phase de vents d’ouest à venir sur le bassin provoquée par la MJO. Mars et avril sonneront la fin d’El Nino ensuite avec le retour à une phase neutre.
. La stratosphère

Le mois de janvier aura vu deux réchauffements stratosphériques dont l’un majeur avec très court renversement des vents zonaux à 10 hPa. Le vortex polaire stratosphérique aura été assez durablement faible par rapport à la moyenne avant un retour d’un vortex plus actif fin de mois favorisant le retour de la douceur aux latitudes moyennes.

L’indice NAM reflétant les transferts de flux de chaleur entre troposphère et stratosphère ainsi que de stratosphère-troposphère, montre une activité de NAM- présente tout début janvier puis d’une manière beaucoup plus nette mi-janvier traduisant les transferts de flux de chaleur. Les deux réchauffements stratosphériques se sont diffusés à la troposphère favorisant le schéma de blocage aux hautes latitudes couplé au forçage tropical et de couple de montagne.
Bilan thermique :

Le froid aura été prédominant de l’ouest du Canada au centre des USA via notamment l’influence de la vague de froid importante du milieu de mois de janvier. Froid prédominant aussi en Scandinavie s’étirant sur la Sibérie, là aussi favorisé par un milieu de mois glacial. Le blocage persistant le plus souvent sur l’est du Canada aura favorisé des anomalies positives importantes sur le nord-est du continent nord américain. De même l’Europe malgré un milieu de mois plus froid, finit le plus souvent avec une anomalie positive. Fortes anomalies chaude sur le sud/sud-est asiatique.

A l’échelle globale, janvier 2024 aura été le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré dans l’ensemble des données JRA-55, à 1,56 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Il a battu le record précédent de 2016 (lors du super El Nino cette année-là) d’environ 0,06 °C et est à +0,42 °C de janvier 2023. Source : Zeke Hausfather

Janvier 2024 a été le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré à l’échelle mondiale, avec une température moyenne de l’air en surface ERA5 de 13,14°C, soit 0,70°C au-dessus de la moyenne 1991-2020 pour janvier et 0,12°C au-dessus de la température du mois de janvier le plus chaud précédent, en 2020.
Il s’agit du huitième mois consécutif le plus chaud jamais enregistré pour le mois concerné de l’année.
Source : Copernicus
Quelques bilans thermiques supplémentaires de certains pays de l’hémisphère nord :

Source : Patrick Duplessis
Janvier très doux en Bulgarie par exemple.
Même constat pour la Croatie que pour la Bulgarie.
Janvier très contrasté en Alaska, avec l’intérieur des terres beaucoup plus froid.
Janvier plus froid que la moyenne en Irlande.
4ème mois consécutif plus froid que la normale en Scandinavie avec des anomalies entre -1 et -5°C par rapport à la moyenne. La Finlande a été le pays le plus en dessous de la moyenne du monde.
Plus d’informations sur les bilans thermiques mondiaux sur l’excellent compte X de https://twitter.com/extremetemps


Le bilan thermique des SST (température des eaux de surface) montre une chaleur continuant à être inédite sur tous les bassins très largement devant 2023 et 2022. Certains bassins sont au rang numéro 1 en terme de températures élevées. C’est très marqué sur l’Atlantique Tropical et une bonne partie de l’Océan Indien.
Bilan pluviométrique :

Source : JMA
2. A l’échelle nationale :
Bilan climatique national :




Plus de détails sur https://meteofrance.com/sites/meteofrance.com/files/files/editorial/Bilan_provisoire_janvier_2024_300124_V2_240201.pdf
Anomalie thermique : +0,6°C
Anomalie pluviométrique : -20%
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